Solitude Nocturne [Libre]

La lueur solitaire et vacillante de la bougie que je tenais dans ma main droite se répercutait sur les briques sombres couvrant les murs. J'avançai seule dans l'obscurité de la nuit, ne savant trop ce que je cherchais.

Une fois dans la gigantesque pièce qu'était la cuisine, je posai avec douceur le chandelier sur la table de granite au centre de la pièce. Un frisson me secoua un instant et je considérai rapidement l'option de retourner dans ma chambre. Mais à quoi bon ? Allais-je poursuivre seule ma réflexion sur cette nuit qui semblait sans fin ?

La journée avait semblé si longue... si interminable. C'était avec une lenteur infinie que le soleil avait finalement terminé sa course dans le ciel pour être ensuite remplacé par l'astre lunaire. Les plus jeunes du groupe, n'y tenant plus, avaient tous foncés vers leur lit bien douillet pour une bonne nuit de sommeil avant une autre journée éprouvante. Quant à moi, j'étais restée dans mon siège, silencieuse et observatrice comme toujours. En retrait, muée au silence par une peur sans nom qui s'empare toujours secrètement de moi à ce temps de la journée.

Les nuits, c'est ma hantise.

Dès ma jeunesse, je n'ai jamais supporté la noirceur. Lors de mes jeunes années, il n'était pas rare que ma mère soit obligée de venir me réconforter au beau milieu de la nuit, de me bercer jusqu'à ce que mes yeux se soient refermés, que le sommeil ait repris ses droits sur mon corps et que mon esprit reparte dans les confins du monde tant aimé des rêves. Mais aujourd'hui... Ma très aimée mère avait perdu la vie en la donnant à une autre.

Et moi, je passais seule des nuits interminables, où les cauchemars pullulaient. Une fois les yeux fermés, les horreurs de la guerre, dont j'avais été témoin plus jeune, semblaient refaire surface avec force. Je pouvais revoir deux soldats nous forcer à sortir de la maison avec brusquerie, puis nous tenir en place, ma sœur et moi. Je revoyais avec horreur la maison s'enflammer tel un brasier géant et illuminer l'obscurité de la nuit. Je sentais de nouveau le canon d'un revolver glisser le long de ma gorge, m'intimant au silence lorsque je tentai de crier à l'aide. J'imaginais encore le canon du fusil passer de moi à Jeni, ma petite soeur qui était devenue ma seule raison de vivre et que je devais à tout prix protéger.

Toutes les images que je parvenais à éliminer de mon esprit lors du jour, mais qui me hantaient lorsque je me retrouvais seule durant la nuit.

Dans chacun de mes gestes, dans chacune de mes paroles... il y avait cette gravité, ce besoin de contrôler. En fait, ce n'était réellement un besoin, mais plutôt un rôle qui m'incombait. Un rôle que je me devais de remplir, peu importe le prix.

Très jeune, j'avais pris la charge des opérations en main. Ç'avait semblé naturel. C'était ce que mon très cher père attendait de moi, après tout. J'avais acquis les responsabilités et appris à vivre avec, même si ce n'était pas sain pour une jeune fille de mon âge. J'avais simplement vécu avec cela, refoulant ma tristesse et ma peur, parce qu'exécuter mes tâches me semblaient tout simplement plus facile de cette façon. À force de refouler, d'ignorer, je commençai à ne simplement plus les extérioriser. J'ai agi pendant plusieurs années comme si je n'avais aucun sentiment, car je pensais que je devais me montrer forte et sans faille pour être un modèle pour ma petite soeur, Jeni.

Je ne lui dis rien, bien évidemment. Elle se blâmerait sûrement en disant que c'était sa faute... Alors je me taisais, comme je le fais depuis des années.

Il me fallut un moment pour remarquer que la lueur d'une autre chandelle éclairait légèrement les parois de roche de la cuisine. La personne se rapprochait inexorablement, à tel point que même le léger pas de cette personne sur le sol était audible. D'un rapide, mais fluide geste de la main, j'éteignis en douceur la bougie. Je relevai la tête brusquement vers le minuscule trou dans le grand mur de béton, seulement pour apercevoir la lune, toujours très haute dans le ciel. C'est alors que je me souvins confusément, quelque part dans un enchevêtrement de souvenirs lointains...

C'était aujourd'hui.

J'avais cherché. Cherché partout. Dans tout les recoins que je connais du QG. J'ai cherché partout dans la ville. J'ai refait tout les chemins que nous étions habituer d'enprunter ensemble. Mais je ne l'ais pas trouver. J'étais toujours en train de chercher dans le parc lorsque le soleil déclinait. Encore quelques minutes... Il ne devrait pas être bien loin... Mais ces quelques minutes s'étaient avvérées être des heures..

Il faisait maintenant nuit noire. Je ne voyais plus rien, mais je perssistait silencieusement, pour ne pas éveiller les gens endormis. Mais il n'était toujours pas là. N'y pouvant plus, je rentrai au bercail. Mes jambes avaient du mal à avancer et j'avais un important entrainement demain.. alors je devrai être en bonne et dû forme ! Tranquillement, je rentrai dans ma chambre, refoulant mes larmes. Il n'était plus là. Je l'avais perdu. J'avais négliger sa garde. June m'avait prévenue. Et encore une fois, elle avait raison.

Aussi démilie qu'il y a deux minutes, je tentai de dormir. Mais j'en étais simplement incapable. Habituellement, il dormait avec moi. Mais ce soir, c'était différent.. Je me relevai et me dirigeai à la cuisine. Sans lui, je ne pouvai me résoudre à sombrer dans le sommeil. Il me fallait à tout prix le retrouver. J'allumai discrètement une chandelle, pour pouvoir guider mes pas sans renverser quoi que ce soit. Arrivée à la cuisine, je cherchai l'armoire. Celle où se cachait les biscuit. Peut-être que ça pourrait fonctionner, qui sait ?

Après une dizaine de minutes de vaine recherche, je m'assis sur le bord d'un fenêtre. C'est à ce moment que je me souvins. Il m'avait tellement préoccuper que je n'avais pas pensé à cela... C'était aujourd'hui... Je n'eus pas le loisir d'approndir cette pensée. Il y avait quelqu'un d'autre dans la cuisine... Rapidement, je me cachai plus loin. À la simple lueur de la chandelle, je remarquai une jeune fille. Et c'était nulle autre que June ! Ma soeur. Mais que fait-elle dans la cuisine à une heure pareille ??

Tranquillement, je me dirigeai vers elle. Il fallait qu'elle sache...

Distraitement, je reconnus l'énergie de ma petite soeur. Tranquillement, je parvins à détacher mes yeux de cet astre qui brillait au dans le ciel durant la nuit et que je détestais tant. Dans un seul mouvement, je me tournai vers ma sœur, qui semblait atterrée. Que s'était-il passé ? Des traces de larmes étaient visibles sur ses joues et pendant une brève seconde, je me suis dit que ce devait parce que c'était aujourd'hui...

Aujourd'hui, nous célébrions les un de la disparition de notre mentor.

Très triste anniversaire, direz-vous. Je me souvenais encore quand il avait dit qu'il allait faire des courses. Il n'était jamais rentré. Plus tard dans la soirée, une fois Jeni couchée, j'avais parcourue toute la ville de Londres sans rien trouvé. J'avais dû en venir à la conclusion que quelque chose lui était arrivé. Avait-il été enlevé ? Tué ? Avait-on découvert qu'il pouvait lancer des sorts ? Faire des potions ?

Tant de questions sans réponses. Trop de questions sans réponse... Les premiers jours, je nous avais caché June et moi dans le repère de notre ancien mentor en attendant. J'avais tellement peur qu'on s'attaque à nous, qu'on nous tue... Je n'osais plus sortir, trop effrayée. Ces quelques jours furent longs et interminables. Vivre dans la peur est insoutenable. Je tentais de ne pas laisser Jeni voir ce qui se passait, mais cette petite est bien plus intelligente qu'elle ne le laisse croire parfois. Je suis certaine qu'elle a remarqué la peur qui m'habitait.

Lorsque nous sommes arrivées à court de provisions, je dûs me rendre à l'évidence. Il fallait que je remonte dans la ville pour tenter de trouver de la nourriture. Heureusement, je savais où notre ancien maître cachait son argent et c'est en cachette que je quittai notre repère pour aller nous procurer de quoi manger. Personne ne m'attaqua, mais j'eus l'impression d'avoir constamment des yeux posés sur ma nuque, la brûlant. Je me souviens m'être cachée sous une cape grise, marchant rapidement...

Finalement, la vie a repris son cours. Au bout de quelques mois, un homme est venu cogner à notre porte. Apparemment, notre maître avait formé un apprenti en secret. L'idée de la société avait dû fait son chemin dans la tête de ma soeur et dans la mienne. L'arrivée de ce magicien ne fit que consolider notre plan...

Mais encore aujourd'hui, je ne cessais de me demander ce qui avait bien pu arriver à ce pauvre magicien, si pacifique. Je ne sais pourquoi, mais j'ai souvent associé son destin à la lune. Peut-être était-ce parce qu'il avait toujours accordé beaucoup d'importance aux mouvements de la lune... Que sais-je ? C'est pourquoi c'était un regard à la lune qui m'avait rappelé quel triste jour nous étions aujourd'hui.

Mon instinct de grande soeur semblait s'activer chaque fois que des larmes apparaissaient sur les joues de ma jeune soeur. Et c'est pourquoi les mots franchirent mes lèvres sans que j'ai pu les retenir.

"Je sais ce que tu ressens, Jeni... Ne t'inquiètes pas. Nous le reverrons un jour..." dis-je, tout en l'attirant contre moi. D'un geste doux, je caressai en douceur sa chevelure blonde, comme ma mère l'avait fait avec moi si souvent.

Puis, je reportai mon regard à la lune, qui semblait observer ces effusions sentimentales pourtant si rares entre ma soeur et moi.

Y avait-il encore un peu d'espoir que... ?

En voyant le visage triste de June, je sus q'elle aussi pensait à cette journée. Ça ne faisait pas très longtemps que j’étais au courant de cette journée… ma sœur me l’ayant caché lorsque j’étais jeune.. Sans le savoir, à chaque pleine lune, je cherchais. Je cherchais quoi exactement ? Je le cherchais. Je savais très bien que je ne pourrais le trouver, mais je le cherchais éperdument. J’était sûre qu’un jour, il reviendrait. Il le fallait en tout cas. J’avais encore besoin de lui.

Je me demande souvent qu'est qu'il lui ait arrivé. Où il est en ce moment et qu'est-ce qu'il fait. Est-ce nos ex-agresseurs qui s'en sont pris à lui ? Ou est-il simplement tomber... Il avait disparu, d'un coup, sans donné d'indice.. Et quelques semaines après, son supposé successeur est arrivé. Ç'avait été assez bizarre, mais ma soeur et moi l'avons laissé faire...

C’était une journée de pleine lune que notre maître, à moi et ma sœur, bien-aimé disparu. Pour moi, il était comme le père que j’ai jadis perdu… Je devais à cet homme la vie et bien plus. Il nous avait élevé comme ses propres filles. Pour moi, ne particulier, il avait été plus qu’un enseignant ou un parent adoptif. J’avais pas connu ma mère, et mon père est partie alors que je n’avais pas encore ses huit ans. Donc, elle ne connaissait pas vraiment l’amour paternel et celui que lui prodigua le magicien lui avait été très apprécié.

Sans attendre la permission de June, je me fis une petite place dans ses bras et me mis pleurer sans me retenir… Je déteste la lune. Elle me met dans un de ces états ! Je détestais montrer mes sentiments.. mais c’est le seul jour par mois où je les démontre autant et ça me frustrait d’en être aussi impuissante..

June… que va-t-on devenir ???

Sans plus attendre, je recommençai à pleurer toutes les larmes de mon corps, refouler depuis un long et interminable mois. J'en avais marre de toujours chercher sans trouver. Je voulais qu'il soit de nouveau avec nous.. Qu'il me demande d'arrêter de pleurer pour un raison si bête, qu'il nous demande ce que nous faisons à une heure si tardive dans la cuisine, que je lui dise que je le déteste alors que c'était tout le contraire... Et ce qui m'énervais le plus, c'était que je n'étais pas capable de me contrôler ou de contrôler la lune. Je détestait paraître faible..

"June… que va-t-on devenir ?"

Cette question reflétait toute la peur qui habitait ma petite sœur. Malgré le fait que j'évitais de parler des problèmes que nous vivions en gérant la société entière par moi-même. S'il y avait une chose que je souhaitais constamment éviter, c'était d'embarquer ma sœur dans mes problèmes ou de lui faire de la peine.

D'un autre côté, je savais très bien que Jeni avait été affecté par la disparition de notre mentor d'une façon différente de moi. Moi, j'avais été attristée, mais j'avais compris que la tâche de m'occuper de Jenifael m'incombait. Je l'avais fait sans rechigner, tout en sachant que c'était ce que je devais faire. Et je savais comment le faire.

Quant à Jeni, elle n'avait pas connu Père dans les moments où tout allait bien à la maison. Avant la mort de Mère - Dieu ait leurs âmes - il était très différent. Plus souriant, aimant et affectif envers sa famille. Mais après la mort de Mère, il s'était renfermé, comme s'il avait un peu perdu sa joie de vivre. À cette époque, j'étais trop jeune pour prévenir ce changement de personnalité et une fois que j'en fus capable, il était un peu trop tard.

C'est sans doute pourquoi elle avait toujours considéré notre mentor comme son père. Le vrai, celui qu'elle n'avait jamais réellement connu. Je ne peux pas la blâmer. J'adorais notre maître et j'adorais nos longues discussions philosophiques. Il était le seul qui parvenait à me réconforter suffisamment pour me permettre d'aller dormir. Même s'il nous avait éduquées, jamais il n'aurait pu remplacé l'image de Père que j'avais encore en tête... Que je me rappelais au travers des souvenirs confus. Malgré tout...

Mais revenons à ma soeur Jeni. Elle se tenait dans mes bras, sa tête posée sur mon épaule, pleurant. Moi, je flattais en douceur ses cheveux. J'aurais voulu avoir la force de pleurer, comme elle. Mais j'en était incapable. Je n'avais pas versé une seule larme depuis plus de 9 ans, comme si mon corps n'en avait simplement plus la force.

"Ne dis pas ça, Jeni... Ne t'inquiètes pas avec ça. Je suis là et... Je m'occupe de tout, sœurette."

Ne dis pas ça, Jeni... Ne t'inquiètes pas avec ça. Je suis là et... Je m'occupe de tout, sœurette.

Soudainement, j’aperçus au loin une ombre humaine courir dans la cours. La nuit n’était jamais sécuritaire, mais là, ce n’était pas une nuit comme toutes les autres. C’était la pleine lune. Ce n’était jamais de tout repos ces nuits. Mais, je savais qu’il fallait à tout prix que je me dirige vers cette ombre. Quelque chose me disais d’y aller. Prenant mon courage à deux mains, je me forçais à reculer tranquillement des bras réconfortants de ma sœur.

Écoutes.. Je devrais peut-être essayer d’aller dormir. J’ai des cours d’escrime à donner aux jeunes demain dès l’aube. Je dois être en forme.

Pour montrer que j’étais parfaitement apte à me séparer de ma sœur, je me dirigeais vers le garde-manger et me sortit de quoi manger rapidement. Je savais le regard de June posé sur moi, mais je tenais absolument à m’approcher de cette sombre forme… donc, je m’efforçai à avoir l’air sur de moi.

Prenant un ton assez jovial, je lui souhaitai de passer une bonne nuit. Je ne peut m’empêcher de lui dire, en plus, de ne pas aller au lit trop tard…

Sans plus attendre, je sortis de la cuisine et me dirigeai d’un pas hâtif vers ma chambre. Dès que j’eus refermé la porte derrière moi, je me précipitai vers la fenêtre pour l’ouvrir. Sur le point de quitter comme ça, je m’arrêtai brusquement.. et si June décidait de venir me voir avant d’aller au lit ? Elle s’apercevrait bien vite de mon absence… Prenant mon mal en patience et préparant soigneusement un bon plan –pour une fois, dirais ma sœur- je restai dans ma chambre.

Au bout d’une heure, enfin, j’entendis les pas de June devant ma porte, signifiant qu’elle allait se coucher. Lentement et silencieusement, je jubilais. Je n’avais pas éveillé les soupçons de ma sœur sur-protectrice. Rapidement, je rassemblai quelques unes de mes affaires que je voulais traîner avec moi lors de ma sortie nocturne.

En un temps record, je rassemblai lampe, épée d’escrime, couteau de poche, quelques vivres et des vêtements de rechanges, qui grâce à mes pouvoirs, purent facilement prendre place dans un petit sac. En même pas cinq minutes, j’étais partie, loin de mon lit douillet.

Je vaquais quelques instant seule dans la cours. Bien rapidement, je fus rejointe par une autre personne. Sans mot dire, nous nous dirigeâmes vers la foret pour s’éloigner le plus possible des regards indiscrets.

Dès l’instant où j’entrai dans la foret, je savais que je ne pouvais plus retourner en arrière…

Merci d’avoir répondu à mon appel… Je te le revaudrai un jour, c’est promis…

Habituellement, j'aurais insisté pour m'assurer qu'elle allait bien. Mais ce soir, je ne me sentais pas l'âme maternelle; j'avais plutôt envie d'être seule pour réfléchir. Je la laissai filer, sachant qu'elle avait véritablement un cours d'escrime le lendemain. Tout en regardant son ombre disparaître au détour d'un couloir. Je restai pendant un moment seule dans la salle à manger, tout en ruminant de sombres pensées. Je pensai distraitement à la société, au rôle que j'y jouais et à quel point je n'étais jamais sur le terrain. Jeni était celle qui sortait énormément faire des missions à l'extérieur. Le terrain semblait être là qu'elle se sentait le mieux. Quant à moi... Je m'occupais beaucoup de la partie "administration" de la communauté. Je prévoyais les rencontres, gérais le budget et rencontrais chaque membre aux moindres problèmes.

C'était exigent et j'avais souvent l'impression que tout le monde se reposait sur moi. Mais me connaissant et étant perfectionniste comme je l'étais, jamais je ne serais parvenue à déléguer la tâcher à quelqu'un d'autre. On dirait que j'étais condamnée à m'occuper de tout cela pour le restant de mes jours...

Après environ une heure, je me sentie finalement lourde de fatigue. Doucement, je fis mon chemin jusqu'à ma chambre, passant au passage devant celle de Jenifael. Je me sentais épuisée, psychologiquement tout autant que physiquement. Le sommeil s'empara rapidement de moi. La nuit fut parsemée de rêves étranges. Dans certains, je marchais sans but dans les rues de la ville, cherchant quelque chose comme si ma vie en dépendait. Et puis, tout disparut et je me retrouvai dans une forêt, en présence d'un homme que je ne connaissais pas du tout. Pourtant, quelque chose dans l'éclat de ses yeux me semblaient familiers... Et puis, seulement observatrice cette fois, je vis Jenifael être attaquée. C'était étrange... Mais je me réveillai en sursaut, avec le besoin de la voir.

Je m'habillai et sortis en vitesse de ma chambre. Je pénétrai la sienne et bien qu'il soit très tôt, elle n'y était pas. Une main passée sur son lit et je constatai qu'il était froid. Une chose était certaine; Jeni n'avait pas été dans sa chambre depuis quelques heures. Et elle n'avait pas dormi ici.

Je fis rapidement le tour de la communauté, interrogeant rapidement ceux qui étaient debout, sans résultat. Personne n'avait vu ma jeune soeur depuis la veille au soir, c'est-à-dire avant que moi je ne la croise. Je fis quatre fois le tour du bâtiment avant de faire face à la seule éventualité possible. Habituellement, j'aurais dit qu'elle avait encore fait quelque chose de stupide, mais avec les rêves que j'avais fait durant la nuit, ma panique était au maximum. Je prévins Scot que Jeni avait disparu. Il tenta de me calmer, me répéta que je m'inquiétais pour rien, mais mon niveau d'inquiétude n'était pas près de descendre.

Je devais retrouver ma petite soeur.

Et au plus vite.

Évidemment que j’avais répondu à son appel ! Comment aurais-je put lui résister ? Bref, il m’entraîna encore un moment plus loin dans la foret. Je voyais à peine où je mettais les pieds. Tous étaient si sombres autour de moi… par trois fois, je tombai. Mais lorsque je faillis tomber, la fois d’après, il me rattrapa. Sur le coup, je ne me rendis pas compte qu'une aiguille me rentra dans le bras, mais je n'y fis rien, hypnotisée par son regard. Ses bras étaient costaux, musclés. Mais surtout, ils étaient chauds et réconfortants. Il dégageait de lui une telle confiance que j’en étais déstabilisée.

Tout en continuant à avancer droit devant nous, il me tenait la main gracieusement, m’aidant à chaque embûches qui se dressaient sur mon chemin. Quelques instants plus tard, nous nous arrêtâmes, pour passer la nuit sous le ciel étoilé.

Alors.. tout va bien ?? J’espère que tu ne m’en veux pas de t’avoir donné rendez-vous au beau milieu de la nuit…

Il avait un de ces regards… J’en étais totalement hypnotisée. Jamais je ne pourrais lui en vouloir. Surtout pour cette sortie nocturne. J’aimais le danger. Cela m’attirait. C’est surtout ça qui creusait un léger ravin entre June et moi. Elle était du genre posée, qui réfléchis à tout et qui attend avant que prendre une décision pouvant faire échouer le but ultime. Mais moi, j’étais toujours sur le terrain. J’avais besoin de bouger, besoin d’action. Et ces temps-ci, Londres était tellement calme que s’en venait ennuyant… Mais là, ce garçon m’offrait de l’action…

Vous voulez rire ! J’espérais depuis un moment cette sortie nocturne…

Tranquillement, il m’offrit une longue caresse qui me procura le plus grand bien. C'était un tout nouveau sentiment. Mais je n'avais pas la volonté de l'arrêter... En général, à mon âge, je devrais être sur le bord de me marier, mais en raison de la société, je n’en suis pas obligée… mais n’empêche que j’ai tout de même des petites envies qui me passent quelques fois par la tête. J'avais totalement envie de continuer. Comme si j'avais pris un stimulant. Bref, je le laissai faire. Lentement, ses mains se baladèrent sur ma frêle peau et sans prévenir, ses lèvres se posèrent sur les miennes sans rencontrer de résistance. Il semblait jubiler...

Sans mot dire, je le suivis jusqu’à un certain moment. J’appréciais vraiment ce qu’il faisait. Il semblait sûr de lui et j'adorais ça. Mais une petite voix dans ma tête me dissais que je n'étais pas prête à aller plus loin.. Rassemblant une force considérable, je me défis de son emprise.

Désolée.. vraiment. Mais je ne suis pas prête à aller plus loin pour l’instant… Je n’ais que 14 ans.

Ça va. Je comprends. Je suis prêt à attendre. Depuis le temps que je t’observes.. Ne le prends pas mal, mais disons que cela fait un moment que je t’observes.

Il semblait déçu. Et surtout, il semblait ne pas comprendre ce qui se passait. Comme s'il était surpris... Mais je ne dis rien.

Eh.. au fait. Quel est votre nom ??

Milady, vous pouvez me vouvoyez. Il en va de soit. Bon. Maintenant, il serait juste que nous dormions. Je veillerai. Ne vous inquiétez pas. Et au fait, je suis Terrance Walter, à votre service.

Je vais faire de mon mieux Terrance. Mais vous.. eh toi aussi, tutois-moi. Je suis tout de même plus jeune que toi. Et je te fais une entière confiance..

Sans demander mon reste, je m’endormis dans ses bras musclés. Je pouvais lui résister, mais pas à ce point... Je pouvais sentir sa respiration dans mes cheveux. C’était si réconfortant…

Une fois dans la cour extérieure, je m'avançai sous la pluie. En quelques minutes, j'étais trempée, mes longs cheveux bruns-roux plaqués contre mon visage. Mes vêtements me collaient sur le corps comme une seconde peau, mais je continuai à avancer tout de même dans la cour.

D'entre les arbres, regardez donc qui arrivait... Oui, oui, je vous jure. C'était Jeni !

Je serrai les poings, en colère contre elle pour m'avoir inquiétée autant. Où était-elle aller ? Qu'avait-elle fait ? Et avec qui ? Je me sentais bouillir de rage et je m'avançai rapidement en sa direction. M'arrêtant seulement à quelques mètres d'elle. Je savais que si je ne gardais pas une distance raisonnable entre nous deux, elle ne sortirait pas indemme de l'engueulade qui allait suivre.

Mon regard se posa sur ses vêtements et malgré ma colère, je fus soulagée de voir qu'elle semblait aller bien. Mais je ne peux m'empêcher d'être encore plus fâchée à cause de l'air innocent qu'elle avait au visage... Comme si elle se moquait de ma colère et s'en amusait même.

"Mais où étais-tu Jeni ? Lorsque je me suis aperçue que tu n'avais pas dormi... J'étais morte d'inquiétude !? Mais où étais-tu, bon sang ?!"

Je me mordis la lèvre pour m'empêcher de continuer, attendant sa justification. Et elle était mieux d'être bonne...

[HJ: C'est court, mais je crois que tu as moyen de repartir avec ça... Non ? Au pire... tu feras avec ! Razz

]

Malgré moi, je l’abandonnai. Je devais absolument retourner au QG avant le levé du soleil. Surtout avant que June ne remarque que je n’ais pas passé la nuit dans ma chambre…

Allez.. On doit se séparer. Ta sœur risque d’être en furie si tu pars pas bientôt..

Je ne voulais pas l’écouter. Je voulais simplement que nos corps restent ensemble, que ses lèvres se posent à nouveau sur les miennes, que son haleine me face froid dans le dos. Je n’ais aucune idée de ce qui me prend.. mais je suis irrésistiblement attirée par ce Terrance Walter. Je ne le connaissais que depuis peu, mais je l’aimait !

Écoutes-moi bien… moi aussi je t’aime et je ne veux pas être séparer de toi. Mais il est mieux, pour le moment, qu’on se voit en secret. Ta sœur n’accepterait sûrement pas notre union. Alors je te donne mon bracelet porte-bonheur. Prends-en bien soin.

Sans attendre une quelconque réaction de ma part, il me mis son bracelet autour de mon poignet et me serra contre lui. Je ne remarquai même pas que le bracelet qu’il venait de me glisser autour du poignet me griffait la peau, tant j’étais sous charme.

Maintenant, il est l’heure qu’on se sépare. Je t’enverrais un mot pour te dire à quand sera notre prochaine rencontre. Va !

Déçue, je partis en direction du QG, en larmes. Je courus très longtemps. Jusqu’à n’en perdre l’haleine.

Brusquement, je m’arrêtai. Je sentais la présence de June tout près. Mais que fait-elle à l’extérieur au milieu de la nuit ?? Je m’approchai encore et encore, redoutant la crise de nerf de ma sœur aînée. Prenant mon courage à deux mains, je m’avançai jusqu’à sa hauteur.

Mais où étais-tu Jeni ? Lorsque je me suis aperçue que tu n'avais pas dormi... J'étais morte d'inquiétude !? Mais où étais-tu, bon sang ?!

Écoutes June. T’avais pas à tant faire. Je suis assez grande maintenant pour m’occuper de moi toute seule. Je suis aller me balader parce qu’en pensant à notre cher bon vieux maître, je ne trouvais aucun moyen de fermer l’œil. J’avais besoin d’air frais. Et au fait, t’as pas à t’en faire pour moi. Je te ferais remarquer que je me débrouille beaucoup mieux que toi sur le terrain. Maintenant, c’est pas que je n’apprécie pas ta présence, mais j’ai cours dans 25 minutes.

Sur ce, je la contournai prestement, sachant qu’elle n’abandonnerait pas de sitôt, mais espérant tout même me sauvée de sa crise. Je devais retirer mes vêtements tremper par la pluie qui commençait à rager dehors et me préparer mentalement pour ma leçon d’escrime…

"Écoutes June. T’avais pas à tant faire. Je suis assez grande maintenant pour m’occuper de moi toute seule. Je suis aller me balader parce qu’en pensant à notre cher bon vieux maître, je ne trouvais aucun moyen de fermer l’œil. J’avais besoin d’air frais. Et au fait, t’as pas à t’en faire pour moi. Je te ferais remarquer que je me débrouille beaucoup mieux que toi sur le terrain. Maintenant, c’est pas que je n’apprécie pas ta présence, mais j’ai cours dans 25 minutes."

Jeni continua son chemin. Je bouillais de colère et je me sentais sur le point d'exploser. Je démontrais rarement mes sentiments, mais sur ce coup-là, j'avais du mal à me retenir. Je me tournai et la regardai avancer, avant que les mots ne quittent ma bouche de leur simple accord.

"Peut-être que je vais moins sur le terrain, mais je dois travailler. Toi, tu t'amuses sans savoir la charge de travail que j'ai sur les épaules ! Si tu savais tout ce que je fais pour toi, Jeni... Tu changerais d'attitude." m'écriai-je, tout en sachant que les grosses gouttes d'eau frappant le sol faisaient un tel bruit qu'elle ne m'entendait même pas.

Mais je m'en foutais ! J'étais si en colère que j'avais l'impression de me sentir brûler. Comme si un feu s'emparait de moi, malgré la pluie qui mouillait mes vêtements. Je n'avais pas froid... Je flambais de l'intérieur. J'avais envie de frapper quelque chose, de le détruire complètement... De tuer quelqu'un à la limite.

C'est alors que je sentis une autre présence non loin. C'était un humain, évidemment. Cependant, je ne reconnaissais pas l'énergie de cette personne et cela me fit un peu peur - et si quelqu'un avait appris l'existence de notre société. Après un court moment de panique, passer à scruter avec obstination la cour extérieure, j'en convins que c'était impossible. Mais malgré tout, la présence restait dans les parages et lorsque je fermai les yeux et tentai de laisser mon esprit s'en approcher, je ressentis une sorte d'euphorie... et je perçus les rouages d'un esprit rusé.

D'un seul coup, toute ma colère avait disparue, remplacée par une étrange sensation que quelque chose ne tournait pas rond... Comme si quelqu'un venait tout juste de me jouer dans le dos sans que je le sache. Je soupirai, me rappelant que j'avais une énorme charge de travail qui m'attendait. Puis, je rentrai, décidant de passer à ma chambre pour m'essorer les cheveux et me débarrasser de mes vêtements trempés.

Peut-être que... moins sur le terrain, mais... dois travailler. Toi, tu t'amuses... charge de travail que j'ai... paules ! Si tu sa... je fais pour toi, Jeni... Tu chan... attitud...

J'étais loin d'avoir tout compris ce qu'elle avait dit, mais je croyais en avoir saisit le plus important. C'était dans des moments comme ceux-ci que j'avais envie de tout oublier de mon existence et de m'enfuir au loin.. mais je me retenais chaque fois. Chaque fois que June affirmait haut et fort qu'elle travaillait davantage que moi, et qu'elle disait que je devais contrôler si, contrôler cela. Elle m'énervait, un point c'est tout !

C'est dans un claquement de porte que je pénétrai dans ma chambre, en larmes. Pourquoi est-ce que je n'ais pas le droit de faire ce que j'ai envie de faire ??? Machinalement, je me dévêtis, me séchai et m'ahabillai en tenue adéquate pour ma leçon d'escrime, un art que je métrisait mieux que quiconque.

Je me dirigeai tranquillement vers le lieu de l'entrainement, heureuse de me retrouver seule pour un moment... je savais qu'il ne durerait pas.. À coup sûre, June ne patienterais pas jusqu'à ce soir avant de me faire la morale.. elle viendra surement à la fin du cours.

Heureusement, personne ne fut en retard pour la leçon du matin, m'obligeant à sourire. Amboy avait fait de très grand progrès, à mon grand contentement. Mary, quant à elle, avait réussi à désarmer Owen, qui était de loin le meilleur de mes élèves.

La journée passa beaucoup plus rapidement que je ne le cru, mais malgré mon sourire, j'étais toujours inquiète, quant à savoir à quel moment ce serait l'heure de ma fête...

Vint ensuite l'heure du souper, puis, l'heure de recueillement.

J'étais maintenant dans la stalle de mon cheval, m'occupant de ses soins. Tranquillement, je chantonnais une petite mélodie tout juste inventée. J'avais presque finis mon rangement lorsque soudain, je sentis une présence dans mon dos. Cependant, je ne connaissais pas l'énergie de cette mystérieuse présence...

La journée passa et je traînai mon mauvais sentiment. Je tentai de faire des sourires aux membres de la société que je croisais; je refusais de les inquiéter pour une stupide impression. Cependant, j'appréhendais la confrontation avec ma soeur. Nous étions entrées en conflit pas plus tard que ce matin. Et malgré les apparences, ça nous arrivait souvent ces temps-ci. Jenifael vieillissait et j'essayais tant bien que mal de la guider vers le bon chemin. J'avais le sentiment que je devais être à la fois sa mère, sa soeur et sa meilleure amie. Ça pouvait se révéler épuisant...

Mais bon. J'irais la voir et réglerais cette histoire avec elle. Nous pourrions alors discuter calmement et finir la soirée de pleurant dans les bras l'une de l'autre après avoi exprimé nos frustrations et notre ressentiment par rapport à l'autre avec civisme.

Je laissais donc la journée suivre son cours habituel, ma mauvaise impression s'estompant progressivement. Au repas, j'étais totalement détendue. Mon inquiétude par rapport à ma discussion prévue avec Jeni s'était calmée d'elle-même. Je mangeai tout en la cherchant du regard. Quand je la repérai, je tentai de connaître son état émotif et me rendit compte qu'elle était inquiète quant à la tournure des évènements. Je décidai de lui laisser un peu de temps; la voir ailleurs, dans un lieu plus calme, privé... Comme quand elle s'occupait des chevaux. Dans ces moments-là, elle était toujours plus encline à la conversation, plus détendue... Moins sur les nerfs. Ce serait le bon moment, à coup sûr.

Après la période de receuillement, durant laquelle je demandai au seigneur de m'aider à régler mon problème avec ma jeune soeur. J'implorai sa sagesse.

Je pris une grande inspiration avant de sortir dans la cours. La pluie s'était arrêtée en milieu d'après-midi, mais le sol était encore trempé. Ce ne fut pas long que mes chaussures étaient trempés, mais je me dirigeais malgré tout d'un pas décidé vers l'étable. Je prévoyais prendre une grande inspiration et cogner à la porte avant d'entrer, pour qu'elle sache que j'arrivais. Mais soudainement, j'entendis un bruit étrange. Un cheval qui hennissait. Mais ce n'était pas normal...

Puis, il y eut un autre bruit. On aurait dit que quelque chose brisait... Puis qu'une autre était renversée sur le sol. Comme une mangeoire ou un abreuvoir par exemple. Ce coup-là, je n'attendis pas et je pénétrai le bâtiment rapidement. À ma grande surprise, il n'y avait personne. Même Jeni ne s'y trouvait pas. Je regardai autour de moi, avant de comprendre que c'était la planche de bois qui supportait la mangeoire qui avait tombé sur le sol. J'avais imaginé quelque chose... Je soupirai de soulagement, avant de me demander où pouvait bien se trouver Jeni.

Je me tournai pour saisir au moins un balai et commençai à ramasser le dégât sur le sol, quand j'aperçus quelqu'un du coin de l'oeil. Je crus tout d'abord qu'il s'agissait de ma soeur, mais je réalisai rapidement que la stature ne convenait pas du tout. Je poussai un cri d'horreur, avant de sentir qu'on me plaquait contre le mur. Je me battis contre l'emprise que mon agresseur inconnu avait sur moi. J'ignorai totalement qui il était, ce qu'il faisait ici... Comment il avait entendu parler de la société. Comment il savait où nous étions situés. Ça ne pouvait pas être un membre, sinon, j'aurais reconnu son énergie.

Cependant, je ressentis la même impression que le matin-même... Cet esprit rusé, malveillant. Cette impression que quelque chose ne tournait pas rond. Mais là, c'était normal; comment est-ce que tout peut bien aller quand on est en train de se faire étrangler ?

Ce ne fut pas long que le porteur de cette mystérieuse énergie m’agrippa violemment. Avant même que je puisse faire le moindre mouvement, j’étais au creux de ses grands bras musclés, prise au piège. Mais que ce passe-t-il?? Du mieux que je le pus, je tentai de me débarrasser de cet homme, car, oui, il s’agissait bel et bien d’un homme. Et il étais très costaux et en forme à ce que je pouvais remarquer.

Voyant que je pourrais pas me débarrasser de lui, je m’arrêtai de bouger en tous sens. Je me devais de me remémorer une quelconque formule magique pouvant m’aider à me sortir de cette situation. Mais aucune ne lui venait en tête…

Sois sage jeune fille et il ne t’arrivera rien. Ou tout du moins, rien de très grave.

Tout en gesticulant, je lui démontrai qu’il pouvait me faire confiance et me lâcher avant que je m’étouffe au creux de son coude. D’une démarche hésitante, il fit ce que je demandai, mais avant même que je puisse me retourner pour voir les traits de son visage, il me banda les yeux avec un morceau de tissu en piteux état.

Jamais je ne m’étais sentie aussi étourdie et dépourvu de tout mes sens. Rapidement et brusquement, je m’assis par-terre, incapable de garder mon équilibre plus longtemps. Rassemblant le peu de courage qu’il me restait –car en effet, j’étais terriblement effrayé malgré mon sang froid habituel- pour demander la fameuse question qui me pendait sur le bout de la langue.

Que me voulez-vous? Et comment connaissez-vous cet endroit?

Mon agresseur parti à rire, mais pas d’un rire habituel. Son rire était rempli de haine et de dégoût. Le genre de bruit nous donnant des frissons dans le dos.

Ce que je veux faire de toi ne regarde que moi…

De nouveau, son rire rempli l’écurie au grand complet.

Oh.. et puis ! Ce que je veux de toi ?? Des renseignements. Voilà ce que je veux ! Et si tu refuses de coopérer, du pourras dire adieux à ta chère sœur adorée…

June !? Oh non… Je n’arrivais pas à y croire. Comment cet odieux homme a put entrer au sein de la communauté sans être remarqué et qui est-il pour que je sois incapable de sondé son esprit ou même de savoir qui s’est?

Soudainement, un bruit attira mon attention vers le côté de la porte, selon moi. L’intrus due lui aussi s’en rendre compte car il m’agrippa solidement à la taille pour me traîner plus loin.. et dans un murmure à peine audible, il me dit :

Ose prononcer un seul mot et tu le regrettera toute ta vie.

Ces mots résonnèrent longtemps dans ma tête. Je ne savais pas que faire. Peu importe qui entrait en ce moment dans l’écurie, cette personne devait sortir d’ici au plus vite.

Même plaquée contre un mur, immobilisée, on ne viendrait pas à bout de moi. Je concentrai toutes mes forces dans mes jambes et envoyai un bon coup de genoux dans l'entre-jambe de l'homme devant moi. Il se plia en deux et tomba sur le sol, gémissant. Je posai un pied sur lui, pour l'empêcher de bouger, mais c'était bien inutile. Il avait beaucoup trop mal pour bouger ne serait-ce qu'un seul muscle.

Je repris mon souffle. J'étais en colère. Et quand je l'étais, ça ne présageait rien de bon. Surtout si on s'attaquait à ma soeur ou à la société. Et comme cet homme sur le sol représentait un danger pour la société en général, je devais agir.

J'avais tué des gens avant. Mais je tentais toujours d'éviter cette option. Étant une personne pour le moins pacifique, je détestais voir la vie quitter le regard de la personne devant moi. Cet éclat de vitalité, qui disparaît au moment que toutes respirations cessent. Je n'aimais pas non plus me salir... Ça peut sembler superficielle, mais je haïssais la sensation des vêtements collés sur ma peau par le sang. C'était comme un constant rappel du crime que je venais de perpétrer - car même si le mort le méritait, ça restait un meurtre. De plus, le défaut du sang était que ce fichu liquide écarlate allait toujours s'installer dans les endroits les plus difficiles d'atteintes - sous les ongles, par exemple.

J'avais donc développer une technique pour tuer les gens sans me salir. C'était pratique en plus, car on pouvait tout ramasser rapidement après.

Comme l'homme sur le sol recommençait à remuer, je le tournai sur le ventre férocement. Puis, je m'assis sur son dos et posai mes mains de chaque côté de sa tête. Je me concentrai une seconde et fermai les yeux en inspirant. D'un coup sec, je lui tournai la tête vers la droite, entendis le craquement et relâchai. Je venais de briser la nuque de mon ennemi et je savais, sans aucun doute, qu'il était mort. Je le tournai doucement sur le dos et constatai qu'il n'y avait aucun pouls. Je m'étais bel et bien débarrassée de lui.

Je me levai et décidai d'examiner le reste de l'étable, au cas où. Quelle ne fut pas ma surprise de trouver ma jeune soeur dans un box ! Je me précipitai à genoux, lui arrachant le bout de tissu qui recouvrait ses yeux.

"Jeni ? O mon dieu, Jeni... Tout va bien ? Tu n'es pas blessée, j'espère..." dis-je, tout en commençant à l'examiner rapidement.

Puis, je tournai la tête vers l'homme qui gisait sur le sol plus loin. Moi, je n'avais pas pu la voir. Mais elle, elle avait tout vu...

Jeni ? O mon dieu, Jeni... Tout va bien ? Tu n'es pas blessée, j'espère...

Non! Je ne suis pas blesser, je suis même très alerte! Je suis plutôt ébranlée.. Tu ne crois pas?! Je crois même n'avoir jamais été aussi éveillée de toute ma vie. Comment veux-tu que je me sente bien alors que tu viens tout juste de casser le cou à un homme, sous mes yeux! Et sans fléchir!!!!!

J'avais envie d'hurler. Très fort. Non. En fait, je voulais plutôt partir rejoindre mon amoureux, pour qu'il me sert dans ses bras en me chuchotant des mots doux pouvant m'apaiser. Je pourrais dès lors, pleurer toutes les larmes de mon corps, une éternité durant...

Mais je n'en fit rien. Que pouvais-je faire? Il est normal, dans cette ville dangereuse, de tuer pour sauver des vies. Moi-même j'ai déjà tuer. Le problème, c'est le visage qu'a eut June au moment du crac. Celui de l'âme s'échappant de son hôte, le corps matériel.

Sans trop attendre de me faire prier de dire un mot, je me levai tant bien que mal -finalement, je devais avoir quelques blessures...

Ne t'inquiètes pas pour moi... Occupes-toi plutôt d'avertir Cartney et Jessy de resserer leur garde et de te débarasser de ce corps, ces paroles furent dites dans un ton léger, mais faux. Pendant ce temps, je vais aller dormir.. je crois qu'un bon sommeil réparateur me remettra d'aplomb.

Mes dernières paroles n'étaient pas très crédible quant à me remettre sur pied. Et au regard que me jetais June, je soupirai.

Et bien sûre, avant d'aller au lit, je vais aller faire un tour à l'infirmerie.

Sur ce, je commençai à me diriger vers la porte de l'écurie, désirant à tout prix fuir ce cadavre et la lourde présence de June.

Au fait, merci pour ton aide...

[HJ: Je savais pas trop quoi écrire d'autre alors..]

"Ne t'inquiètes pas pour moi... Occupes-toi plutôt d'avertir Cartney et Jessy de resserrer leur garde et de te débarrasser de ce corps." me dit-elle.

Je secouai légèrement la tête. Premièrement, je souhaitais discuter avec ma jeune soeur de ce qui s'était passé ce matin. Même si ça semblait inhumain de penser après que j'ai tué un homme, et bien... C'est peut-être parce que je l'étais. Inhumaine, je veux dire.

Mais dans un sens, Jeni avait raison. Il fallait resserrer la sécurité. Comment cet homme était-il entré ici ? Comment nous connaissait-il ? Étions-nous en danger au point de quitter le QG pour nous réfugier ailleurs ? Heureusement, dans mes plans, j'avais déjà un endroit où nous pourrions nous réfugier si jamais le QG était découvert. Quand nous avions fondé la société, j'avais tenté d'anticiper toutes les situations possibles: et à date, mes plans B avaient plutôt bien fonctionner.

"Pendant ce temps, je vais aller dormir.. je crois qu'un bon sommeil réparateur me remettra d'aplomb." ajouta Jeni ensuite.

Ma petite soeur soupira et je vis, dans son attitude qu'elle n'allait pas bien. J'étais figée, terrifiée. À cet instant, rien ne comptait plus que le confort et le bien-être de Jenifael, mais je sentais impuissante et sans ressource. Maman, où es-tu ? J'ai besoin de toi, de ton attitude réconfortante, de ton étreinte rassurante. Où es-tu ?

"Et bien sûre, avant d'aller au lit, je vais aller faire un tour à l'infirmerie."

Je regardai Jeni s'approcher de la sortie de l'écurie et je me rendis compte que je n'avais toujours rien dit et toujours rien fait. Comment peut-on être une plus mauvaise soeur que moi ? Je me le demande bien. Je doute sincèrement qu'il y ait pire que moi.

"Au fait, merci pour ton aide..."

"Attends !" m'exclamai-je, espérant qu'elle m'écouterait.

Je fis plusieurs pas dans sa direction, allant jusqu'à poser une main sur son épaule.

"Je... " Qu'allais-je dire au juste ? "Je suis désolée Jeni. Je suis totalement, complètement et ... extrêmement désolée."

J'allai me placer face à elle, regardant n'importe quoi sauf son visage.

"Je ne suis pas la soeur... que je devais être. Je suis sans doute ce qui s'éloigne le plus d'une soeur et je m'en excuse. C'est juste si difficile de ... de diriger cette société, de ne pas te favoriser face aux autres... D'être à la fois Papa, Maman et moi pour toi... Et ce matin, j'ai juste... Craqué."

Soudainement, des larmes apparurent dans mes yeux. Elles ne coulaient pas, mais elles y étaient et ma voix s'étrangla. Je pris une profonde inspiration, tentant de me calmer et de faire disparaître ces larmes gênantes.

"Je suis tellement inquiète pour toi Jeni... J'ai tellement peur. Je sais que je ne le montre pas de la bonne façon, mais s'il t'arrivait quelque chose, la seule personne à blâmer... ce serait moi. Et je... "

Je pris encore une profonde inspiration et malgré moi, une larme roula sur ma joue. Je l'essayai avec embarras.

"Je sais que plus je tente de bien faire les choses, plus je les fais mal. Mais s'il te plaît Jeni, pardonne-moi d'être une soeur monstrueuse..."

Je plongeai alors mon regard dans le sien. Je me savais suppliante à cette seconde. Mais verrait-elle au travers de mon jeu ? Verrait-elle que je jouais la carte de la misère pour mieux la contrôler par la suite ?

Pardonnes-moi d'être une soeur monstrueuse...

Enfin June avait compris ce qu'elle était réellement. Cela faisait une éternité que je désirais avoir un peu plus de liberté et maintenant que j'avais 15 ans, j'avais pensé en obtenir davantage, mais au contraire, elle avait resserrer l'étau! C'était tout ce qu'il me fallait. Qu'elle avoue à quel point elle était odieuse... Je tournai brusquement les talons et m'enfonçcai dans la forêt. Je tenais à le retrouver car je devais impérativement lui parler. C'était d'une urgence capitale.

Sans le savoir, June m'avais grandement aidé. Au début, j'avais hésité à accepter de réfléchir un peu, mais là, la réponse était clair. J'allais accepté. J'avais besoin de vivre de nouvelle expérience sortant de l'ordinaire et la proposition qu'il m'avait faite était beaucoup plus attirante que l'idée de rester coincée dans un QG. Bref, je n'eus pas vraiment le plaisir de patienter bien longtemps car comme s'il savait pertinement ce qui c'était passé, il arriva près de moi.

Comme ça, t'as déjà choisi ta voie??

Je lui jetai un regard qui voulait en dire beaucoup.

Oui, et j'ai pas vraiment eut à chercher bien loin.. Ma soeur m'a littéralement donné la réponse en plein figure! Et j'accepte.

Tarrence semblait super content de ma réponse et aussi surpris que l'aurait été un voyant, mais je ne m'en rendis pas compte parce que j'étais déjà dans ses bras. On se fondait l'un dans l'autre comme si nous nous connaissions depuis une éternité. Dans ma tête, j'étais persuadée d'avoir pris la bonne décision, même si cela incitait de trahir toute la communauté en entier. C'était un pur et simple moment d'amour échangé entre deux amoureux.

Après plusieurs échanges, je le laissai, pour le remplacer par mon lit dans lequel je devais être depuis des lustres... Cependant, je m'arrivai point à m'endormir, prise dans mes pensés sur l'acte que je venais de commettre. Enfin, j'avais pris une grande décision...

Je n'en crus pas mes yeux quand je vis ma jeune soeur quitter sans même commenter mes confidences. Je repris le chemin du bâtiment principal du QG d'une démarche sévère. Je serrai les dents et fermai les poings tellement fort que mes ongles manicurés s'enfoncèrent dans la chair blanche de mes mains. J'étais insultée et humiliée - jamais June Murphy ne s'abaissait à de telles effusions sentimentales. Au moins, Jeni aurait pu avoir l'amabilité de répondre, de me tapoter l'épaule et de me dire que je n'étais pas une si mauvaise soeur aînée.

Dans le cas présent, son silence signifiait que ce que j'avais dit était vrai. Or, je n'avais pas dit ce que je pensais. J'avais déblatéré sur une attitude monstrueuse et dictatrice, sans penser que je la possédais réellement. Je voulais qu'elle me prenne dans ses bras en me disant que j'étais une soeur exemplaire, un modèle pour elle.

J'étais frustrée, en rentrant dans les locaux de Lux & Veritas, parce que je n'avais pas obtenu l'éloge que j'avais souhaité. Jeni semblait glisser hors de mon contrôle avec l'adolescence; son attitude rebelle et ses comportements témoignaient d'une vision des choses qui n'était pas la mienne. Je n'aimais pas ça, mais pas du tout. J'allais devoir ramener ma jeune soeur sur le droit chemin avant qu'elle ne s'éloigne sur un sentier sinueux et qu'elle ne puisse rebrousser chemin. C'était simplement mon devoir d'être son guide. Durant notre vie avec notre père et nos frères, nous avions été seules ensemble et Jenifael n'avait pas eu le malheur de subir la mauvaise influence que le monde extérieur pouvait lui procurer. Aujourd'hui, désormais âgée de 15 ans, elle était plus libre de ses mouvements, sortait souvent sur le terrain seule ou faisait des rencontres que je n'approuvais pas toujours. Son jeune esprit influençable était marqué de leur avis et de leurs choix. Et j'avais bien le sentiment que c'était cela qui créait chez elle cette attitude désinvolte et insouciante.

Il fallait corriger, au plus vite. J'aurais sans doute besoin d'aide. À qui pourrais-je parler ? Scot était hors de question à cause de sa relation avec moi, Anna aussi, mais parce que je ne savais pas si je pouvais lui faire confiance. J'avais d'autres projets pour Élyanne et Faith n'était pas le genre de personnes qui succomberait à des menaces comme d'autres. Qui ? J'allais devoir trouver...

En passant devant la porte de sa chambre, j'y ressentis sa présence. Si elle m'avait trouvé dictatrice, tyrannique ou simplement contrôlante, et bien, c'est que Jeni n'avait rien vu.

Car je pouvais faire pire, être pire.

Elle allait y goûter, ho mon Dieu ! elle allait être désolée de son attitude envers moi aujourd'hui...

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