Un rat, rien de plus... [Libre]

Seuls les battements de mon coeur résonnaient dans ce long couloir sombre.

Je n'aimais pas ces mines abandonnées. Les galeries étaient vides, les couloirs mal éclairés et chaque tournant pouvait révéler un danger inconnu. Je les évitais du mieux que je le pouvais et j'y parvenais habituellement plutôt bien. Mais ce soir, je ne pouvais tout simplement pas. Il s'agissait de mon grand frère Adam. Il prenait des risques inconsidérés pour me rencontrer et aider la société. Mais depuis quelques semaines, il paraissait plus agité. Je crois que l'effet que cette société a sur lui n'est pas très bonne. Quand j'ai tenté de lui en parler, il a immédiatement changé de sujet. Adam n'a jamais aimé que les autres se mêlent de ses affaires. Alors, j'ai laissé tomber.

Apparemment, notre ancien lieu de rencontre près de la rivière n'était plus assez sécuritaire pour se rencontrer. Selon Adam, il y aurait eu une fuite selon laquelle des rencontres auraient lieu à cet endroit entre un membre de Lux & Veritas et quelqu'un de l'autre organisation. Même entre les murs de notre QG, la rumeur courait qu'un de nos membres voyaient un membre de l'ennemi. J'en avais longuement discuté avec Jeni et comme ni l'une ni l'autre n'avions de preuve, nous avons simplement démenti la rumeur. De toute façon, je sais tout ce qui se passe à l'intérieur et à l'extérieur de nos murs. S'il y avait quoique ce soit, je le saurais.

Bref, notre nouveau lieu de rencontre était dans un couloir des mines abandonnées. Quel meilleur endroit pour se rencontrer en secret que là où personne ne va ?

J'avançais donc avec lenteur, contournant les toiles d'araignées et jurant chaque fois que mes pas croisaient ceux d'un rat. Le sol humide avait eu raison du bas de ma robe et j'étais déjà couverte d'une suie dégueulasse. Je détestais vraiment cet endroit !

Soudain, j'entendis un hurlement et me raidit. Je pris une grande inspiration et sondai rapidement leur lieu de mon esprit. Il y avait une autre personne. Une femme. Et par l'atmosphère que je percevais, elle venait de pratiquer la magie.

"Un rat de moins dans ces tunnels..." entendis-je alors, identifiant immédiatement à qui appartennait cette voix.

Je me rendis dans le couloir où était la jeune femme et sortis de l'ombre rapidement. Je ne fis rien pour camoufler ma présence. Après tout, ce n'était que Élyanne Blade, la nécromancienne de notre société. C'était une jeune femme légèrement plus vieille que moi et pour qui j'avais énormément de respect. Depuis le sauvetage réussi de Faith, elle avait de plus gagné mon admiration.

"Bonjour Éyanne. À moins que bonsoir soit plus de circonstances ?" murmurai-je avec un sourire sincère, alors que mes mots se répercutaient sur les parois de pierre du tunnel. Puis, mon regard se posa sur un tas de cendre sur le sol, qui se détachait des pierres et de la poussière.

Je me rappelai le hurlement. Mon visage perdit instantanément son sourire. Qu'avait-elle fait ? Venait-elle de tuer quelqu'un délibérément ? ... Non... Pas Élyanne. Pas simplement pour faire le mal. Pas sans raison. Non... Non ! Elle ne pouvait tout de même pas être passée "de l'autre côté" ?!

Les pas se faisaient de plus en plus bruyants, il y avait bel et bien une autre personne dans les mines abandonnées. Je ne m'inquiétai pas de l'être qui venait vers moi...je ne m'inquiétai plus de rien d'ailleurs ces temps-ci. Seulement, j'étais bien consciente de ce que je venais de faire : J'avais tuer un homme. C'était contre les principes de Lux & Veritas de tuer des "Innocents". Mais l'était-il vraiment, innocent ? Non. Il avait mérité ce sort mais...avais-je bien agis au fond ? Si jamais l'une des soeurs venaient à l'apprendre...

Sortant de l'ombre, je reconnu aussitôt June Murphy.

-Bonjour Élyanne. À moins que bonsoir soit plus de circonstances ?

Avant que je ne puisse lui répondre, elle baissa les yeux vers le tas de cendre sur le sol terreux du tunnel. Son jolie sourire s'effaça alors que moi aussi je fixais le tas de cendre. Que lui dire ? La vérité ? Même moi je ne la connaissais pas. Avais-je agis de la sorte pour me défendre ou bien simplement pour tuer ?...par plaisir. Si tel était le cas, je serais une femme cruelle et vile. Je me demandai si c'était bien le cas.

Depuis un moment, j'étais devenue amère tant la vie ne m'avait pas épargner. D'abord, Lukas avait quitter Lux & Veritas en me laissant seule. Puis, il y avait eu Scot qui, je le croyais, avait une attirance pour moi mais qui était véritablement épris de June, c'était évident et seul un aveugle n'aurait pu le remarquer. Et bien plus important encore que ces deux hommes, il y avait mon frère Damien qui me manquait terriblement. Mais pour le moment, il me fallait me concentrer sur ce que j'allais raconter à l'adolescente.

-Oui, Bonsoir est plus convenable, en effet.

Dis-je, réfléchissant toujours à quoi lui dire à propos de ce que j'avais fais. D'abord, je ne pouvais pas le lui cacher car l'évidence était là. Une Nécromancienne avec son grimoire en main, un hurlement et puis des cendres. Je m'approchai quelque peu d'elle, évitant le tas de cendre.

-Il...Il avait de mauvaises intentions à mon égard. Comprends-moi, je suis une magicienne, pas une guerrière. Je n'aurais su me défendre loyalement contre lui. J'ai été...obligée.

Ma voix trahissait mon hésitation. Ce n'était pas totalement faux, je n'étais pas entraîner pour me battre, je passais la plupart de mon temps à la bibliothèque à étudier des sorts et rituels et finalement à les pratiquer. Mais je n'y avais pas été obligée. Si June décidait de me rejeter de Lux & Veritas, je serais réellement seule dans ce pays. J'avalai difficilement alors que des larmes glissaient sur mes joues. Je ne savais plus qui j'étais, je n'étais pas faite pour être la douce et gentille magicienne d'une société secrète et je me demandai si j'étais faite pour être mauvaise. J'essuyai mes larmes et fixai la jeune fille en essayant de reprendre mon sang-froid.

-Crois-tu que je sois si mauvaise ?

Élyane avançait dans ma direction. Pendant un moment, je voulus reculer d'un pas, comme je l'aurais fait devant l'ennemi, mais je n'en fis rien. Reculer était un signe de faiblesse, un geste que laissait l'ennemi vous dominer.

Woah ! Un instant !

Avais-je vraiment référer à Élyanne comme étant mon ennemi ? Je pris une bonne inspiration. Toujours laisser une chance aux autres de s'exprimer. C'était ce que je devais faire.

"Il...Il avait de mauvaises intentions à mon égard. Comprends-moi, je suis une magicienne, pas une guerrière. Je n'aurais su me défendre loyalement contre lui. J'ai été...obligée."

"Obligée ?" Le doute se faufila malgré moi dans mes paroles. Je ne savais plus quoi croire. Je refusais de penser qu'elle pouvait être du "mauvais côté", mais rien ne me prouvait le contraire. En vérité, l'hésitation que je sentis et entendis dans sa voix m'inquiéta sérieusement.

À ma grande surprise, je vis des larmes coulées sur le visage d'Ély.

Ho non !

J'étais absolument.. incapable de réagir face aux réactions des autres. Je ne savais jamais quoi faire pour réconforter les autres - sauf Jeni, mais comme elle était ma petite soeur, c'était pratiquement une exception. Généralement, je me cachais derrière un masque de glace. J'affichais une mine indifférente et sans émotions, car c'était plus facile de prétendre qu'on ne ressentait rien. Plus facile de ne pas avoir de sentiments. Ainsi, on est souvent plus forts. Et comme j'étais responsable d'une organisation secrète, je devais me montrer forte, droite, juste et sérieuse. J'avais des tas de gens qui comptaient sur moi. Il n'était même pas question de les décevoir ou non. À certains moments, j'avais tout simplement leurs vies entre mes mains. Je n'avais aucun droit à l'erreur.

Bref. Tout ça pour dire que je me trouvais là, sans aucun indice de ce que je devais faire. Finalement, Élyanne sembla reprendre un peu le contrôle de ses émotions, et me demanda:

"Crois-tu que je sois si mauvaise ?"

Dans l'air, ça puait le doute et l'incertitude.

Il me fallut une seconde pour saisir ce qui se passait. J'étais en contrôle total sur Élyanne. Là, direct à ce moment, j'aurais pu la jeter en dehors de la société. J'aurais pu l'attaquer... J'étais en contrôle. Tout reposait sur moi, et je le savais. C'était une sensation terrifiante, mais si agréable, pour une personne comme moi. Le seul problème, c'est que j'appréciais bien trop le pouvoir que j'avais. Je devais me calmer, me rappeler qui j'étais. June Murphy... Celle qui donne des deuxièmes chances, qui fait semblant d'être naïve, mais qui voit tout et entend tout.

Les mots sortirent de ma bouche sans que je puisse les retenir.

"Je ne crois pas que tu sois mauvaise, Élyanne... Je pense simplement que tu as eu un écart de conduite. Un pur et simple écart de conduite." J'adoptai un ton confiant, en mimant un sourire chaleureux. Je voulais la rassurer, pour mieux la manipuler par la suite. Pour mieux obtenir ce que je souhaitais.

"Cependant, j'aimerais que tu prouves ton allégeance à la société. Je ne parle pas de faire des missions... d'agir pour le bien. Je te demande de faire quelque chose qui me prouvera que je peux réellement compter sur toi. Mais ce petit ... quelque chose ... doit rester entre nous."

Je me mis à marcher en cercle autour d'elle. Un sourire apparut sur mes lèvres. Je n'étais plus June Murphy, gentille et naïve. J'étais June Murphy, manipulatrice, contrôlante et futée. Je n'était plus moi-même... Ou du moins, je n'étais plus celle que je montrais généralement aux autres. J'affichais enfin celle que les années avaient forgé. Une June maline, qui ne laissait pas marcher sur les pieds.

"Qu'en dis-tu, alors, Élyanne ? Veux-tu... faire affaire avec moi ?"

Je souhaitais semer le doute dans son esprit.

Je voulais qu'elle exécute la tâche demandée, évidemment, mais je souhaitais aussi la faire hésiter. Ainsi, j'allais pouvoir voir qui elle était vraiment. Il n'y a rien dans ma vie que j'ai exécuté sans jamais avoir une seule arrière-pensée. Aujourd'hui ne faisait pas exception.

J'avais toujours su obtenir ce que je désirais. Un sourire par ci, une parole bien placée par là. J'étais une manipulatrice qui peaufinait son art, mais encore mieux, personne ne se doutait de cet aspect de ma personnalité. À entendre ça, à y penser, je me sentais hypocrite et méchante, mais je devais me rappeler que je faisais tout ça pour une seule raison : la justice et la paix. Personne ne devait découvrir qui j'étais réellement ou ce que je souhaitais réellement perprétré comme crime.

Élyanne me répondit et j'étudiai les traits de son visage alors qu'un léger sourire apparaissait sur mes lèvres minces.

"D'abord... que me proposes-tu June ? Je t'écoute..."

J'arrêtai ma ronde autour d'elle et me campai bien droit sur mes pieds. Au début, une telle raideur me faisait mal, mais depuis, j'en avais pris l'habitude. C'était ma marque de commerce, ma façon de m'imposer. Il vous fallait de la maturité et de l'autorité pour gérer des gens souvent plus âgés que vous-mêmes.

Puis, je pensai à ma réponse. Allais-je tourner autour du pot encore une fois ? Ou devrais-je parler franchement, pour que ce soit clair entre nous ? Mais surtout... Tout ça devait rester secret à tout prix. La simple idée de faire intervenir quelqu'un d'autre dans cette histoire me terrifiait, mais je ne pouvais agir par moi-même sans danger. Voilà pourquoi Élyanne me semblait toute désignée pour la mission. Jamais elle ne serait considérée comme une suspecte par qui que ce soit.

Bon. Allons-y pour la méthode franche et directe. Une fois dit, ça serait fini. Bien sûr, si elle disait non, j'allais devoir l'éliminer et prétendre que nous étions tombée dans une embuscade - parce que personne ne sort tout simplement de la société... On y reste ou on y meurt. Et si elle disait oui, j'allais échafauder le plan soigneusement avec elle.

Mais un autre problème se posait. Comment allais-je pouvoir la laisser dans la société en sachant qu'elle était prête à exécuter de telles tâches n'importe quand et sans hésitation ? Et si je le jettais dehors de la société - parce que Jeni n'attendait que ça ! - Élyanne aurait toujours moyen de rejeter tout ça sur moi. Mais la croierait-on si elle allait raconter à tous ce que je lui avais demandé de faire ? Après tout, n'étais-je pas la si grande et si honnête June ?

Ha... S'ils savaient... S'ils savaient tous...

Je ne veux que sauver mon pays, mon honneur et ce qu'il me reste de famille. Et je ferai n'importe quoi pour ça.

Élyanne avait assez attendu. À question honnête mérite une réponse toute aussi honnête.

"Je veux que..."

Je repris ma marche autour d'elle, tentant de trouver le courage de prononcer ces mots. Je dois avouer que je souhaitais y ajouter le plus possible un petit effet dramatique qui la surprendrait.

"Je veux que tu commettes un meurtre."

"Ta requête est assez surprenante, je dois l'avouer." me dit-elle en saisissant mon bras, me forçant à arrêter mes tours autour d'elle.

"Si jamais j'acceptais... j'aimerais savoir à quel pauvre créature je devrais enlever la vie...et surtout, pourquoi je devrais le faire. J'imagine que tu ne me demanderas pas de tuer un simple passant qui se trouvait juste au mauvais endroit au mauvais moment, n'est-ce pas ?" ajouta-t-elle ensuite.

Un sourire presque carnassier apparut sur mes lèvres. Je me savais cruelle, mais pas au point de tuer un inconnu qui se trouvait par malchance à un endroit où il n'aurait pas dû. Malgré l'image que je projetais, j'avais tout de même des valeurs en lesquelles je croyais avec fermeté. D'ailleurs, voilà pourquoi je faisais cette demande bien précise à Élyanne.

"Allons Élyanne... Un inconnu ? Jamais je ne te demanderais un truc pareil..." fis-je avec douceur.

La jeune nécromancienne se mit à tourner autour de moi, imitant ce que j'avais fait plus tôt. Si elle tentait de m'intimider, j'avais peur de devoir lui annoncer que cela ne fonctionnait point. Entre nous deux, c'est moi qui avait le contrôle, la supériorité. En fait, regardons juste du point de vue de nos pouvoirs. Elle avait besoin de potions et d'incantations, alors que moi, je ne nécessitais rien de cela. Tout me venait naturellement, comme s'il y avait deux personnes à l'intérieur de moi; June et June la sorcière. La sorcière possédait un instinct totalement différent du mien.

Je suis douée pour ressentir les émotions des autres ou encore l'empreinte thermique qu'ils ont laissé dans certains endroits. Je peux reconnaître leur énergie et camoufler ma présence aux autres sorciers en dissimulant mon énergie. J'avais d'autres petits pouvoirs moins importants que je ne mentionnerai pas pour cette même raison.

"Qui veux-tu que je tue, June ?" murmura-t-elle dans mon oreille.

Sans que je m'en sois aperçue, elle s'était approchée de moi. Je m'éloignai d'elle, n'aimant pas partager mon espace personnel avec quelqu'un qui n'était pas Scot.

Ce coup-ci, je n'allais pas la faire attendre. Ma petite mise en scène serait inutile et me rendrait ridicule. J'allais aller droit au but, comme une femme de mon rang et de mon caractère se doit de le faire.

"Je veux que tu assassines miss Élisa de Toulouse."

Évidemment... La fiancée de Scot. Depuis le début, j'avais su que ce serait à moi d'empêcher une telle union. Ce n'était pas pour être offensante envers Scot, mais je savais très bien que jamais il n'aurait eu les couilles pour empêcher son mariage imminent avec la jeune femme. Après avoir pesé le pour et le contre, j'avais su que je devais m'en charger moi-même. J'avais déjà pensé que Élyanne pourrait faire le sale boulot à ma place, mais je n'avais pas prévu de régler la question aujourd'hui, en allant rejoindre Adam.

Mais bon, quand les opportunités se présentent, il faut les saisir.

"Ne sois pas surprise Élyanne... Tu devais te douter que je me chargerais de cette femme... Ce n'est rien de personnel envers Scot, mais nous savons toutes les deux que jamais il n'aurait agi... Il n'aurait pas empêché son mariage et c'était donc à moi de m'en charger. Qu'en penses-tu ?"

[HJ: Désolée si c'est pas exceptionnel, j'ai fait vite, en particulier pour la fin. Je retoucherai un peu plus tard...]

Élisa de Toulouse.

Ce nom résonna en moi pendant un moment, alors que j'étais toujours immobile, maintenant à un peu plus d'un mètre de June Murphy. La femme à qui Scot était promis. Sa future épouse. Bien sûr, ce n'était pas si surprenant puisque June était amoureuse du soldat mais je ne pouvais m'empêcher de trouver cela étrange que la sorcière veuille tuer...ou faire tuer devrais-je dire, quelqu'un pour des raisons purement personnelles. La si honnête et bonne June Murphy. Si les membres de la société venaient à l'apprendre... Mais bon, je n'étais pas bien placée pour aller raconter ceci étant donné qu'à mes pieds se trouvaient les cendres de l'homme que j'avais assassiner.

D'une façon bien étrange, je me sentais mal envers Scot...il ne devrait jamais apprendre que c'était moi qui avait tué sa fiancée. Même si au fond, il devrait peut-être m'en remercier...parce qu'en commettant ce meurtre, je lui permettait, à lui et à sa belle de vivre leur amour. Quoi que...ça non plus ça ne me plaisait pas tant que ça.

Je devais faire un choix, maintenant.

-Ne sois pas surprise Élyanne... Tu devais te douter que je mechargerais de cette femme... Ce n'est rien de personnel envers Scot,mais nous savons toutes les deux que jamais il n'aurait agi... Iln'aurait pas empêché son mariage et c'était donc à moi de m'en charger.Qu'en penses-tu ?

Mon regard gris était toujours fixé sur June pendant que je tentai de prendre une décision.

-Il n'y a pas plus de surprise que d'étonnement June. Et oui, probablement qu'il n'aurait rien fait... il se serait marié et aurait ensuite tromper sa femme avec toi. Pauvre Élisa... Au fond, nous lui épargnons des années de malheur en faisant cela.

Ainsi, j'avais fais mon choix. De ces quelques mots, je lui avait annoncé que j'allais le faire même si l'idée ne me plaisait pas (ce qu'elle ne savait bien évidemment pas). D'ailleurs, je me gardai de lui faire part de mon opinion à ce sujet, autant qu'elle croit que j'étais une meurtrière sans coeur qui ne ressentirait aucun regret après cet acte cruel.

J'allais tuer Élisa de Toulouse.

-Alors, ça sera pour quand ?

Demandai-je froidement à la jeune sorcière, la regardant toujours.

Je lui laissais le temps de réfléchir à mon offre, mais au fond, elle n'avait pas vraiment de choix. Soit elle disait oui et commettait ce meurtre comme je le souhaitais, soit elle refusait. Et dans ce cas-là, je parlais annoncer à tous que Élyanne ne faisait plus partie de la société. Si on posait des questions, je n'aurais qu'à expliquer ce dont elle avait été témoin: un meurtre. Beaucoup de membres étaient déjà terrifiés par la jeune nécromancienne et ce n'était sûrement pas Jenifael qui se jetterait au secours d'Élyanne. De ce que je savais, Ély et Jeni ne s'entendaient pas très bien. Mais j'ignorais pourquoi...

Donc, il y avait toujours une possibilité qu'elle refuse, mais alors, soit elle serait tuée par un membre qui la considérerait comme une traîtresse, soit elle finirait seule dans la rue, sans protection. La pauvre nécromancienne était piégée... par moi.

Que je me sentais machiavélique soudainement !

"Il n'y a pas plus de surprise que d'étonnement June. Et oui, probablement qu'il n'aurait rien fait... il se serait marié et aurait ensuite tromper sa femme avec toi. Pauvre Élisa... Au fond, nous lui épargnons des années de malheur en faisant cela." me dit-elle.

De cette réponse, Élyanne venait presque de confirmer qu'elle participerait très activement à mon petit plan. Étrangement, je n'avais pas réellement pensé à comment et quand j'agirais et ces points furent énoncés lorsque Élyanne me demanda:

"Alors, ça sera pour quand ?"

Je pris un temps de réflexion. Sur ma liste, j'avais un soucis de moins. Comme la nécromancienne allait commettre le crime, je n'avais plus à tenter de la convaincre. Décidément, cela avait été plutôt facile et je m'en réjouissais. Je n'avais qu'à m'assurer d'être près de Scot au moment du meurtre et jamais il ne saurait que j'avais mis en place l'assassinat de sa fiancée. Évidemment, il ne l'aimait pas, il m'aimait moi. Sa mort allait simplement apporter une libération; nous allions pouvoir être ensemble.

Afin d'éviter un conflit diplomatique en sol britannique, il faudrait faire croire à un accident, ce qui serait plus facile étant donné les facultés de Élyanne en nécromancie. Et si jamais on s'apercevait qu'il s'agissait d'un homicide, nous ne serions jamais soupçonnée, parce que nous n'étions pas des proches de la victime. Il n'y avait que Scot qui pourrait être soupçonné, mais j'allais m'assurer qu'il soit en public, afin qu'il ait un alibi solide. Il ne devait en aucun cas être accusé de quoique ce soit.

Je fis part de mes réflexions à Élyanne, brièvement. Il n'y avait que trois règles: Que la mort ait l'apparence d'un accident, que je sois prévenue du lieu et de l'heure du crime et que tout ça soit terminé avant le mariage... Prévu dans trois semaines.

Ça nous laissait peu de temps pour concocter le plan et tout mettre en pratique, mais je savais que ça allait fonctionner.

Il n'y avait pas d'autre option.